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en la riviere, étant reconnues de tout le monde pour huguenottes qui n'alloient point à la messe, d'elles furent recouvrées et garanties miraculeusement par Lincestre, un des docteurs tirans gages de madame de Montpensier, et des plus séditieux et fendans prédi­cateurs dè Paris qui ne prêchoient que le sang et le meurtre; principalement contre telles 'gens, au logis duquel à cette occasion ces deux dames furent traînées par cette populace furieuse, afin d'avoir plus de cou­verture de les faire mourir, après avoir parlé à ce doc­teur, qu'ils croyoient leur devoir servir de guide et porte-enseigne à l'exécution qu'ils se préparoient faire, comme aussi ces deux bonnes dames ne s'attendoient à guères mieux, attendu la renommée et qualité du personnage, et le temps, et la religion dont elles fai­soient profession; et toutesfois, comme si de loup en un instant cet homme eût été transformé en agneau, ct devenu tout un autre homme, élie» trouverent en lui tant de douceur et d'humanité, qu'apres avoir confeamiablement avec elles, remontré et disputé sur les points de leur religion*, les ayant trouvées fermes, et résolues d'y persister, et même ayant trouvé à une des­dites dames une méditation de Théodore de Beze sur lé pseaume quatrevingt, après lui avoir rendue, non-seulement les conduisit lui-même en lieu de sûreté, les tirant des mains de cette populace enragée, à laquelle il fit accroire qu'elles étoient toutes réduites et con­verties à retourner à la messe, encor qu'elles n'en eus­sent rien promis; mais aussi leur donna moyen d'évader et sortir de la ville, et leur aida en*ce qu'il pût, Dieu les retirant du gouffre de la mort par les mains de cet homme leur capital ennemy, et se servant de lui en cet
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